La salle de bain, c’est souvent l’endroit le plus humide de la maison. La vapeur de la douche, les buées sur les miroirs, les traces d’eau sur les carrelages… Ce n’est pas un désordre à combattre, c’est une opportunité. Beaucoup pensent que les plantes d’intérieur ne survivent pas là où il y a de la vapeur. Pourtant, certaines espèces adorent cette humidité. Elles ne survivent pas : elles prospèrent. Et elles transforment votre salle de bain en un petit coin de jungle apaisant, tout en purifiant l’air.
Pourquoi les plantes dans la salle de bain ?
Ce n’est pas juste une question de déco. Une étude de la NASA dans les années 1980 a montré que certaines plantes absorbent les polluants courants dans les maisons : formaldéhyde, xylène, benzène. Ces composés, présents dans les shampoings, les déodorants, les peintures et les produits de nettoyage, s’accumulent dans les pièces fermées. La salle de bain, en particulier, peut contenir jusqu’à huit fois plus de formaldéhyde que l’air extérieur, selon l’ADEME.
Les plantes ne se contentent pas de capter ces toxines. Elles régulent aussi l’humidité. Une fougère de Boston peut absorber jusqu’à 1863 microgrammes d’humidité par heure. Un pothos, lui, réduit le formaldéhyde de 1500 microgrammes par heure. En 24 heures, dans une pièce de 10 m², certaines plantes peuvent baisser l’humidité relative de 20 à 30%. Ce n’est pas un remède magique contre les moisissures, mais c’est un allié puissant - surtout si vous aérez bien après chaque douche.
Les 6 plantes qui survivent (et prospèrent) dans la vapeur
1. La fougère de Boston (Nephrolepis exaltata)
C’est la reine de l’humidité. Elle adore les salles de bain avec une fenêtre ou une lumière indirecte. Elle ne demande pas beaucoup d’eau - une fois par semaine suffit - mais elle exige une atmosphère constamment humide. Si l’air est trop sec, ses frondes brunissent. En revanche, dans un environnement humide, elle pousse en cascades luxuriantes, comme une barbe verte qui tombe du porte-plantes.
Elle est la plus efficace pour absorber l’humidité : 1863 microgrammes par heure. C’est pourquoi elle est recommandée par les botanistes depuis les années 1970. Mais attention : elle ne supporte pas les courants d’air ni les variations brutales de température. Si votre salle de bain est froide en hiver, placez-la loin de la fenêtre.
2. Le pothos (Epipremnum aureum)
Le pothos, c’est le survivant ultime. Il pousse dans presque n’importe quelle lumière, même faible. Il tolère les températures entre 10°C et 30°C. Il ne demande qu’un arrosage toutes les deux semaines. Et il dépollue : il élimine 1500 microgrammes de formaldéhyde par heure.
Il est idéal pour les débutants. Vous oubliez de l’arroser ? Il s’en fiche. Il a des feuilles en forme de cœur, vert foncé ou doré, et il grimpe ou pend comme une liane naturelle. Placez-le sur une étagère, accrochez-le à un crochet, ou laissez-le tomber du haut du meuble de lavabo. Il se sent bien là où tout le monde pense qu’il ne survivra pas.
3. Le chlorophytum (Chlorophytum comosum)
On l’appelle aussi la plante araignée. Elle produit des tiges longues avec de petites plantules qui ressemblent à des araignées miniatures. Elle est très résistante aux variations de température (5°C à 27°C) et elle purifie l’air efficacement : 950 microgrammes de formaldéhyde par heure.
Le seul hic ? Elle a besoin de lumière. Pas de soleil direct, mais au moins 1500 lux. Cela signifie qu’elle ne convient pas aux salles de bain sans fenêtre. Si vous avez une petite fenêtre ou une lumière artificielle douce, elle s’en sortira très bien. Elle est aussi l’une des plantes les plus appréciées par les utilisateurs : 78% des propriétaires disent qu’ils sentent une différence dans la qualité de l’air.
4. Les tillandsias (plantes aériennes)
Elles n’ont pas de racines dans la terre. Elles absorbent l’eau et les nutriments directement de l’air. C’est parfait pour la salle de bain. Les tillandsias, comme le Tillandsia ionantha ou le Tillandsia bulbosa, se collent sur du bois flotté, des pierres, ou des supports en métal. Pas de pot, pas de terre, pas de dégâts.
Elles ont besoin d’être trempées une fois par semaine en été, et tous les 15 à 21 jours en hiver. Entre les arrosages, vaporisez-les 2 à 3 fois par semaine. Elles sont délicates à voir, mais faciles à entretenir - à condition de ne pas les noyer. Une étude de Jardiland en 2022 montre que 35% des gens les tuent en les arrosant trop. Soyez modéré.
5. Le lierre (Hedera helix)
Le lierre classique, avec ses feuilles en étoile, est un excellent dépolluant. Il réduit le formaldéhyde de 1300 microgrammes par heure. Il adore les endroits ombragés et humides. Il pousse bien sur les étagères hautes ou suspendues, où ses tiges peuvent s’étendre comme des cascades.
Il a un seul point faible : il a besoin d’au moins 1000 lux de lumière. Si votre salle de bain est entièrement sans fenêtre, il ne survivra pas longtemps. Mais si vous avez une petite fenêtre, même orientée nord, il peut vivre des années. Des utilisateurs rapportent une réduction des symptômes d’asthme après avoir installé un lierre - sans doute grâce à sa capacité à capter les particules et les polluants volatils.
6. Le spathiphyllum (Spathiphyllum wallisii)
On l’appelle aussi la « plante de paix ». Ses feuilles vert foncé et ses fleurs blanches en forme de voile lui donnent un air élégant et calme. Elle aime l’humidité, la lumière indirecte, et les températures entre 18°C et 24°C. Elle est particulièrement efficace contre le trichloréthylène, un solvant souvent présent dans les vernis à ongles et les dégraissants.
Elle absorbe 1400 microgrammes de ce composé par heure. Elle est moins connue que le pothos, mais elle est tout aussi puissante. Elle demande un arrosage modéré - une fois par semaine - et elle fleurit régulièrement dans un environnement stable. Si vous voulez ajouter une touche de douceur à votre salle de bain, c’est l’option la plus raffinée.
Les plantes à éviter
Attention : toutes les plantes ne sont pas faites pour la vapeur. Les calatheas, par exemple, sont magnifiques avec leurs feuilles colorées, mais elles sont très sensibles à l’eau calcaire et à la mauvaise aération. 45% des utilisateurs les perdent en moins de six mois.
Les plantes carnivores comme le Népenthès peuvent sembler idéales - elles poussent dans les forêts tropicales humides. Mais selon le botaniste François Couplan, leur capacité à déshumidifier est « négligeable ». Elles sont belles, mais inutiles pour réguler l’humidité.
Et les plantes géantes ? Le monstera, le bananier, le ficus… Elles ont besoin d’espace. Un monstera demande au moins 1 m² pour s’épanouir. Dans une petite salle de bain, elles deviennent encombrantes, voire dangereuses si elles touchent les tuyaux ou les miroirs.
Comment les entretenir ?
Arroser : une fois par semaine maximum. En hiver, réduisez à toutes les deux semaines. Vérifiez toujours le terreau : s’il est encore humide, attendez. L’excès d’eau, c’est la cause numéro un de la mort des plantes en salle de bain.
Drainage : utilisez des pots avec des trous. Un diamètre de 5 à 8 mm suffit. Posez-les sur un socle ou une soucoupe pour éviter que l’eau ne stagne. Le terreau doit toujours pouvoir respirer.
Nettoyage : les feuilles accumulent la poussière et les résidus de produits cosmétiques. Nettoyez-les tous les deux à trois semaines avec un chiffon humide. Cela permet aux plantes de respirer et de capter efficacement les polluants.
Aération : après chaque douche, ouvrez la fenêtre ou allumez la ventilation. Les plantes absorbent les polluants, mais elles ne peuvent pas tout faire. Une ventilation de 0,5 renouvellement d’air par heure, comme le recommande la RT 2020, est essentielle.
Le marché et les tendances
En France, 68% des foyers ont maintenant au moins une plante dans leur salle de bain - contre 47% en 2018. Le pothos et la fougère de Boston représentent plus de 60% des ventes. Les tillandsias miniatures ont connu une hausse de 18% en deux ans, car ils s’adaptent parfaitement aux petites surfaces.
Les fabricants d’équipements de salle de bain s’y mettent aussi. Hansgrohe a lancé en 2023 une collection intégrant des supports de plantes dans les robinets et les murs. Les laboratoires de botanique travaillent sur des variétés hybrides de chlorophytum capables d’absorber 25% plus d’humidité.
Le marché des plantes d’intérieur en France a atteint 1,2 milliard d’euros en 2022, dont 23% pour les salles de bain. Ce n’est pas une mode : c’est une évolution durable.
Et si vous n’avez pas de fenêtre ?
Impossible ? Pas du tout. Les plantes comme le pothos, les tillandsias et le spathiphyllum peuvent vivre avec une lumière artificielle douce. Une lampe LED blanche de 6500K, placée à 30 cm de la plante pendant 8 à 10 heures par jour, suffit. Vous n’avez pas besoin de soleil. Vous avez besoin de lumière régulière.
Évitez les lampes jaunes ou tamisées. Elles ne stimulent pas la photosynthèse. Privilégiez les lampes à LED spécifiques pour plantes, ou même les lampes de bureau classiques, si elles sont assez puissantes.
Un dernier conseil
Ne choisissez pas votre plante pour son look. Choisissez-la pour son adaptation réelle à votre espace. Une fougère de Boston dans une salle de bain sans fenêtre ? Elle mourra. Un pothos dans une salle de bain avec une fenêtre orientée sud ? Il se régale.
Les plantes ne sont pas des accessoires. Elles sont des partenaires silencieux. Elles nettoient l’air. Elles apaisent l’esprit. Elles transforment une pièce fonctionnelle en un lieu de bien-être. Il n’y a pas de secret. Juste de la patience, un peu d’attention, et la bonne espèce au bon endroit.
Quelle plante est la plus efficace pour réduire l’humidité dans la salle de bain ?
La fougère de Boston est la plus efficace, avec une capacité d’absorption de 1863 microgrammes d’humidité par heure. Elle est suivie par le pothos et le chlorophytum, qui réduisent aussi significativement l’humidité ambiante. Toutes trois fonctionnent mieux dans un environnement avec une lumière indirecte et une bonne aération.
Puis-je mettre une plante dans une salle de bain sans fenêtre ?
Oui, mais seulement certaines. Le pothos, le spathiphyllum et les tillandsias peuvent survivre avec une lumière artificielle. Utilisez une lampe LED blanche (6500K) pendant 8 à 10 heures par jour, placée à 30 cm de la plante. Évitez les plantes comme le chlorophytum ou le lierre, qui ont besoin de lumière naturelle.
Pourquoi mes plantes de salle de bain ont-elles les feuilles brunes ?
Les feuilles brunes sont souvent causées par un arrosage trop fréquent, une eau calcaire, ou un manque d’aération. Vérifiez que votre pot a un bon drainage, que vous arrosez une fois par semaine maximum, et que vous aérez après chaque douche. Les calatheas et certaines fougères sont particulièrement sensibles à l’eau du robinet - utilisez de l’eau de pluie ou filtrée si possible.
Les plantes peuvent-elles éliminer les moisissures ?
Non, elles ne les éliminent pas directement. Mais elles réduisent l’humidité ambiante, ce qui rend l’environnement moins propice à leur développement. Pour éliminer les moisissures, combinez les plantes avec une bonne ventilation (min. 0,5 renouvellement d’air par heure) et un nettoyage régulier des surfaces.
Combien de plantes faut-il dans une salle de bain ?
Une à trois plantes suffisent pour une salle de bain moyenne (5 à 10 m²). Plus de plantes ne signifie pas plus d’efficacité. Au contraire, trop de végétation peut augmenter l’humidité locale si l’aération est insuffisante. Placez-les stratégiquement : près du lavabo, sur une étagère, ou suspendues.